On se plaint de la sécheresse de l'Histoire de France, et c'est ce qui donne tant d'attrait aux Mémoires où se trouvent les détails qu'on regrette. Nos historiens ont malheureusement moins puisé dans cette source précieuse que dans les chartes, ordonnances et diplômes qui constatent les grands événemens, mais qui n'en développent pas les causes. Les intérêts, les opinions, les passions, ces puissans mobiles des actions humaines, disparoissent presque toujours dans les histoires modernes : destinées ou à n'être que de simples chroniques, ou à faire prévaloir des systèmes, elles sont nécessairement inférieures aux productions de l'antiquité, dont les immortels auteurs ornoient des plus belles couleurs ces mêmes détails pleins de naturel et de vérité, que, sous prétexte d'analyse et de méthode, on affecte aujourd'hui de négliger.