La mère célibataire d'autrefois, en Rouergue comme ailleurs, est la victime absolue : abusée ou violée, trahie, moquée, exclue, rejetée par l'Eglise et la morale publique. Au 19e siècle en particulier, siècle de la misogynie triomphante, de l'hypocrisie bigote et d'un Code civil impitoyable. Cette étude historique consacrée aux filles-mères de Laguiole montre qu'à y regarder de plus près, ces femmes étaient plus nombreuses, mieux intégrées, et souvent plus maitresses de leur destin que ne le veulent ces images tragiques et désespérantes. En particulier dans les décennies qui ont suivi les grands bouleversements révolutionnaires. En suivant les filles de l'extraordinaire famille Astruc, et nombre de leurs contemporaines, dans les rues, les prés et les cabarets de Laguiole, on découvrira aussi un village méconnu, où rien de ce qui l'a rendu célèbre, couteaux, grandes tables et aligot, n'existait encore.