« Sauve-toi ». C'était les derniers mots qu'il lui avait dits avant de la laisser s'échapper du taxi. Ombeline avait traversé le rideau de pluie et s'était engouffrée sous le porche de l'immeuble haussmannien.
Le regard arrimé à la toile de peinture suspendue au-dessus de son bureau, Logan se ressassait ces deux mots inlassablement. Les violons fredonnaient l'Aria de Bach en boucle, s'accordant parfaitement à son humeur maussade. L'aube se levait sur Chicago. Ses premiers rayons éclairaient les murs et faisaient disparaître les ombres autour de lui. Seule l'aquarelle peinte par Kimberley gardait sa pénombre mystérieuse. Cette forêt dense et sombre traversée par une lumière diaphane lui rappelait terriblement la jeune femme.
Il jeta un œil à l'écran de son smartphone et eut la confirmation qu'il n'avait reçu aucun appel en provenance de France.
‒ Reste avec moi. C'est ça que tu aurais dû lui dire, gronda-t-il pour lui-même.
Il se maudissait d'avoir quitté précipitamment Paris. Ombeline ne l'avait toujours pas appelé et il en devinait parfaitement la raison : elle était en colère contre lui.
Les choses auraient été différentes si elle avait été avec lui quand Abel l'avait réveillé en pleine nuit. Ils seraient passés prendre ses affaires à son appartement, puis ils auraient tous deux embarqué à bord du vol affrété par Cassius.
Elle serait avec toi aujourd'hui, songea-t-il avec amertume.
Un rictus amusé étira ses lèvres.
‒ Non, Ombeline ne serait pas montée à bord de bonne grâce. Elle aurait commencé par te résister.