Au Moyen-Âge, la société faisait preuve d’ingéniosité pour entraver le mouvement du corps humain. On trouva alors le carcan, sinistre collier fixé à un poteau pour attacher par le cou un criminel et l’exposer ainsi à l’œil public.
Évidemment, la société moderne ne pouvait s’accommoder ni de ce voyeurisme collectif de la souffrance ni de ces instruments barbares utilisés pour contraindre les individus. Qu’à cela ne tienne : il est toujours possible de recourir à d’autres formes de contraintes sociales d’autant plus efficaces qu’elles sont intériorisées, acceptées, normalisées par les victimes elles-mêmes. C’est ainsi que le carcan social a remplacé les instruments de torture de jadis. Il suffit alors de dresser des « potences morales » pour dresser tous les individus.
Et c’est justement à un voyage au bout du carcan social que nous convie Le Carcan, ce texte, trempé dans la douleur, de Christian Michaud.