Le sujet auquel nous mène l'étude de l'Empire et de l'Empereur, est à la fois usé et inconnu. Il relève du pamphlet, de la légende, et à peine de l'Histoire. Sa bibliographie se borne à celle de Napoléon II, à partir du jour où la tendresse populaire roule le cadavre de Schœnbrünn dans les plis soyeux et tièdes de la sentimentalité et de la poésie, et tisse, de son linceul les langes de sa légende. C'est là qu'il dort, pour l'éternité, semble-t-il, bercé au rythme des odes romantiques, veillé par les cœurs sensibles et fidèles, conquis à la religion napoléonienne par la majesté sacrée du malheur du Père. L'espoir trahi de tout un peuple a fait cortège à ses funérailles autrichiennes et, sur son cercueil de cuivre, dans le charnier des empereurs étrangers, a jeté les obscurs lauriers dus à son martyre. Et c'est, d'un geste indécis et troublé, que nous les écartons aujourd'hui, pour regarder battre, de la vie surnaturelle de la légende, le cœur de ce mort si tendrement pleuré et aimé.