Dès son apparition aux alentours de l'an 1225, le roman en prose de Lancelot du Lac fut regardé comme le Miroir de toute chevalerie, comme la Somme de toute courtoisie, comme le Roman des romans. Les plus belles fictions du cycle de la Table Ronde, déjà contées au douzième siècle par tant de poètes dispersés, s'y trouvaient rassemblées en un seul corps d'ouvrage, et la légende souveraine du saint Graal, entrelacée à ces innombrables légendes de féerie et d'amour, les dominait, les enveloppait toutes de sa splendeur. Aussi ce grand livre, continûment admiré, ne cessa-t-il, durant des siècles, d'enchanter les cœurs. Pour le maintenir en vogue, des remanieurs, de temps à autre, le récrivaient : il en circulait au quinzième siècle plusieurs versions rajeunies