Triste était le logis que mon triste mariage me condamnait à habiter ! Sa façade principale semblait comme repoussée au fond d'une cour étroite par un bâtiment surélevé de deux étages. Derrière, un mur immense et menaçant surplombait notre minuscule jardin.
Et je songeais en ce logis à la petite maison de mon père, si éclairée, si joliment encadrée de verdure, et a la spacieuse et confortable maison de ma grand'mère.
Je devais passer là trois années, mon mari ayant pris l'engagement de mettre en ordre les affaires très processives d'une tante, récemment veuve, qui l'avait doté. Je ne connaissais dans la ville de Soissons que cette tante, très petite, qui venait de perdre un immense mari, ne laissant que des choses à sa taille ; chevaux, voiture, meubles, tout était colossal chez la tante Vatrin, qui restait écrasée par l'ombre d'un époux disproportionné, comme elle l'avait été, lui vivant.