Loin des atteintes des officiers de compagnie qui vous harcèlent de revues de paquetage, loin des sergents au nez fin qui reniflent la pipe fourrée dans le rouleau de literie, à trois kilomètres du tumulte des casernes, se trouve la Trappe. C'est un vieux puits à sec, ombragé par un pipal[1] tordu, et entouré d'herbe haute. Là, dans les temps révolus, le soldat Ortheris avait établi son magasin et sa ménagerie pour ceux-là de ses biens, morts ou vifs, qu'il ne pouvait décemment introduire dans sa chambrée de la caserne. Là, pêle-mêle avec des poules de Houdan, étaient rassemblés des fox-terriers au pedigree indubitable mais d'un droit de propriété plus que douteux, car Ortheris était un braconnier invétéré et le plus notoire parmi un régiment composé d'experts chapardeurs de chiens.