Au début de l'année qui va finir, tout homme qui achète un journal put lire une dépêche provenant de Cayenne. Elle annonçait que le forçat Dieudonné, « ancien membre de la bande à Bonnot », avait trouvé la mort en voulant s'évader.
Dieudonné ?
Camille-Eugène-Marie Dieudonné. Il a vingt-six ans, quand éclate l'affaire Bonnot. De son métier, il est ouvrier ébéniste ; d'idées, anarchiste, illégaliste, ainsi que l'on disait à l'époque.
Il a nourri son jeune âge de la littérature des citoyens Alexandre Millerand, Urbain Gohier, Aristide Briand, Gustave Hervé. Il n'ignore pas Gustave Le Bon. Il réciterait sans défaillance les livres de l'éminent M. Félix Le Dantec, professeur à la Sorbonne. Stirner, Nietzsche sont ses maîtres.