Il y aurait de l'injustice à prétendre que, depuis trois ans, l'instruction primaire n'a fait en France aucun progrès ; mais il faut bien se garder aussi de l'erreur commune qui attribue à ces progrès une extension malheureusement trop peu réelle. Les efforts du gouvernement pour la répandre ont porté des fruits ; mais le but est encore loin d'être atteint, et le moyen d'y parvenir, c'est de ne point se complaire dans une sécurité trompeuse et funeste. Sans doute, il serait plus doux d'applaudir, sans examen, aux rapports favorables que l'intérêt des particuliers, des fonctionnaires, et quelquefois des localités, met, tous les jours, sous les yeux du public ; mais c'est de près qu'il faut observer les faits, et nous en appelons à l'expérience et à l'impartialité des hommes que leurs fonctions obligent à étudier le progrès sur place, et à l'apprécier pas à pas. Déjà, cette année, des comités, dont le zèle ne s'est jamais ralenti, ont exprimé leur surprise de voir que le nombre comparatif des élèves et des écoles de leur ressort était plutôt en décroissance ; et des préfets, dans la dernière session du conseil général de leur département, ont appelé l'attention sur la torpeur inexplicable que l'apathie générale oppose aux encouragements de l'administration.