Je ne doute pas, Atticus[1], que la plupart de mes lecteurs ne jugent cet ouvrage frivole et trop peu digne de si grands personnages, lorsqu'ils y liront le nom du maître de musique d'Épaminondas et qu'ils me verront compter au nombre de ses talents sa grâce à danser[2] et son habileté à jouer de la flûte. Mais ces critiques seront en général des personnes étrangères à la littérature grecque, qui ne trouvent de bien que ce qui est conforme à leurs mœurs. Si elles apprenaient que les mêmes choses ne sont pas honorables ou honteuses chez tous les peuples, mais que partout on en juge d'après la tradition des ancêtres, elles ne s'étonneraient pas de me voir peindre fidèlement les mœurs des Grecs quand je retrace leurs vertus. En effet, ce ne fut pas un déshonneur pour Cimon, l'un des plus grands hommes d'Athènes, d'avoir épousé sa sœur germaine, parce que c'était un usage, reçu dans sa patrie