J'écris l'histoire de Napoléon pour répondre à un libelle. C'est une entreprise imprudente puisque ce libelle est lancé
par le premier talent du siècle contre un homme qui, depuis quatre ans, se trouve en butte à la vengeance de toutes les
puissances de la terre. Je suis enchaîné dans l'expression de ma pensée, je manque de talent et mon noble adversaire a
pour auxiliaire tous les tribunaux de police correctionnelle. D'ailleurs, indépendamment de sa gloire, cet adversaire
jouissait d'une grande fortune, d'une grande renommée dans les salons de l'Europe et de tous les avantages sociaux. Il
a flatté jusqu'à des noms obscurs, et sa gloire posthume ne manquera pas d'exciter le zèle de tous ces nobles écrivains
toujours prêts à s'attendrir en faveur des infortunes du pouvoir, de quelque nature qu'il soit. L'abrégé qui suit n'est
pas une histoire proprement dite, c'est l'histoire pour les contemporains témoins des faits