C'était au mois de mai 1813 que j'avais eu le malheur de
tomber aux mains des Anglais. Ma connaissance de la langue
anglaise, -- j'avais appris cette langue dès l'enfance et la
parlais presque aussi aisément que le français, -- m'avait valu
d'être choisi par mon colonel pour certaine besogne des plus
délicates. Un soldat doit toujours suivre sa consigne, quels
qu'en soient les risques ; mais le risque de cette consigne-là
consistait, pour moi, à être pendu comme espion, ce qui n'est
jamais une perspective bien agréable : de telle sorte que je
m'estimai heureux, quand je fus pris, de me voir simplement
traité en prisonnier de guerre.