L’histoire que raconte ce livre court sur près d’un demi-siècle. Et pourtant, elle s’articule autour d’un moment charnière, dans le courant des années 1970, qui voit se superposer deux flux démographiques contraires : la déprise rurale, d’abord, amorcée dès les années 1950, qui a en moins de vingt ans vidé de leurs habitants les hameaux des versants pour concentrer ce qui reste d’hommes et d’activités dans les villages au fond des vallées principales ; et à l’opposé, l’amorce d’un mouvement en retour de citadins en quête de nature, de calme et d’expériences nouvelles, loin de la grande ville. C’est justement à ce moment-là, alors que se croisent les derniers qui partent et les premiers qui arrivent, que l’on invente le nom de ce pays, le Haut-Languedoc, forgé de toutes pièces pour désigner l’un des tout premiers Parc Naturel Régionaux de France, à l’extrémité méridionale du Massif Central.
Pendant près de trois ans, Marcel Caron a promené son micro, son carnet de note et ses questions en vallée du Jaur, au cœur de ce territoire, pour collecter les récits entretissés des « anciens » et des « néos », au fil de plus de deux cents entretiens. Ce sont eux qui fournissent l’essentiel de la trame de ce livre, dans lequel bien des voix se mêlent pour ancrer dans l’histoire collective de la vallée les trajectoires de chacun.